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Burnout : comment le reconnaître, le surmonter, et se faire accompagner ?

Dernière mise à jour : 1 août

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Le burnout, ou épuisement professionnel, est un état de fatigue physique, émotionnelle et mentale lié à une exposition prolongée au stress au travail. Il ne s’agit pas simplement de « trop travailler », mais d’un déséquilibre profond entre les exigences professionnelles et les ressources personnelles.


Si on en parle autant aujourd’hui, c’est parce que ce phénomène touche un nombre croissant de personnes, tous secteurs confondus. Derrière ce mot souvent utilisé à tort ou à raison, se cachent des réalités complexes, parfois silencieuses, mais bien réelles.


Dans cet article, je vous propose de mieux comprendre le burn-out, d’explorer un témoignage réel d’une personne ayant traversé un épuisement professionnel, et de voir en quoi le rôle du psychologue du travail peut être déterminant pour s’en relever.


👉 Si vous vous interrogez sur ce que vous vivez, ou si vous reconnaissez certains signes, n’hésitez pas à me contacter pour en parler. Un premier échange peut déjà faire la différence.



Qu’est-ce que le burnout ?


Le burnout, ou syndrome d’épuisement professionnel, est une réponse prolongée à un stress chronique lié au travail. Selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (CIM-11), il s'agit d’un syndrome résultant d’un stress professionnel chronique qui n’a pas été géré avec succès. Il se manifeste exclusivement dans le cadre du travail et ne doit pas être confondu avec la dépression ou les troubles anxieux, bien qu’il puisse en être le terreau.


Le rapport de l’Académie nationale de médecine (février 2016), rédigé par les psychiatres Patrick Légeron et Jean-Pierre Olié, souligne que le burn-out n’est pas une maladie psychiatrique, mais un état de souffrance psychique grave lié à l’environnement professionnel. Il s’agit d’une usure mentale progressive, souvent silencieuse, qui peut déboucher sur des troubles physiques, émotionnels et cognitifs majeurs si rien n’est mis en place pour l’enrayer.


Christina Maslach, chercheuse de référence sur le sujet, décrit le burnout comme un syndrome à trois dimensions :

  1. Épuisement émotionnel : c’est la sensation de ne plus avoir d’énergie, de ne plus pouvoir faire face. Les personnes parlent souvent d’un « trop-plein », d’un ressenti d’usure profonde, qui s’installe de façon progressive. Cela peut se traduire par de l’irritabilité, des troubles du sommeil, une fatigue chronique.

  2. Dépersonnalisation ou cynisme : la personne se désengage émotionnellement de son activité. Cela peut prendre la forme d’un retrait, d’un comportement froid ou distant, d’une forme de cynisme vis-à-vis des collègues, des patients, ou de l’organisation. Ce détachement est une stratégie de protection psychique face à un environnement perçu comme hostile ou trop exigeant.

  3. Perte d’accomplissement personnel : il s’agit d’un sentiment d’inefficacité, d’incompétence, d’une perte de confiance en ses capacités professionnelles. La personne ne se sent plus utile, doute de sa légitimité, et peut finir par se sentir comme un « imposteur ».

Selon le rapport de l’Académie, cette triade est aujourd’hui l’un des modèles les plus cohérents pour décrire l’état d’épuisement professionnel, elle a d'ailleurs donné naissance au Maslach Burnout Inventory (MBI), un questionnaire encore largement utilisé pour mesurer le niveau de burnout chez les professionnels.


Ces symptômes s’installent progressivement. Le burnout ne survient pas du jour au lendemain : il est souvent la conséquence d’un déséquilibre durable entre ce qu’on donne et ce qu’on reçoit dans son travail (reconnaissance, soutien, autonomie, sens…).


📌 Le saviez-vous ?

Le burn-out n’est pas reconnu comme une maladie au sens strict dans le Code du travail français. Cependant, il peut être reconnu comme maladie professionnelle si un lien direct avec l’activité exercée est établi, et en l’absence de tableau officiel, via une procédure spécifique auprès de la CPAM, examinée par un comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP).

Ce flou juridique contribue parfois à une minimisation de la souffrance vécue par les personnes concernées.



Quels sont les facteurs de risques du burnout ?


Le burn-out ne doit pas être considéré comme un signe de fragilité individuelle. Il s’agit d’un phénomène complexe, résultant d’une interaction multifactorielle entre contraintes professionnelles prolongées, caractéristiques personnelles et contexte de vie. Comprendre ces facteurs est essentiel pour mieux prévenir et accompagner ce syndrome.


Facteurs organisationnels : les plus déterminants

Les recherches convergent pour souligner que les conditions de travail jouent un rôle majeur dans l’apparition du burn-out. Parmi les éléments les plus souvent mis en cause :

  • Charge de travail excessive : une surcharge durable, souvent combinée à des délais serrés, épuise les ressources physiques et psychiques (Maslach & Leiter, 1997).

  • Pression temporelle constante : le manque de temps pour accomplir les tâches augmente le stress chronique (Schaufeli & Taris, 2014).

  • Manque d’autonomie : l’absence de contrôle sur ses missions et la prise de décisions génèrent un sentiment d’impuissance (INRS).

  • Manque de reconnaissance : le fait de ne pas se sentir valorisé ou soutenu favorise la démotivation (Rapport Sénat, 2017).

  • Conflits de valeurs : être en désaccord avec les exigences éthiques ou les objectifs de l’organisation crée une tension morale.

  • Insécurité professionnelle ou flou des rôles : l’incertitude liée à l’emploi ou aux responsabilités peut accentuer l’angoisse (ANACT).

Ces facteurs sont souvent combinés, formant un cocktail délétère qui fragilise progressivement les professionnels.


Facteurs individuels : un terrain qui modère le risque

Si aucun profil psychologique n’est à lui seul responsable du burn-out, certaines caractéristiques personnelles peuvent augmenter la vulnérabilité :

  • Perfectionnisme et exigences élevées envers soi-même : une auto-exigence exacerbée peut maintenir un effort prolongé sans relâche (Delgadillo et al., 2018).

  • Forte implication affective dans le travail : s’identifier pleinement à son métier peut rendre plus sensible à l’épuisement émotionnel (Swider & Zimmerman, 2010).

  • Difficulté à poser des limites, liée au besoin de reconnaissance ou à la culpabilité, conduit à accepter des charges excessives (Leiter & Maslach, 2005).

  • Faible estime de soi ou besoin de performance : une quête constante de validation augmente la pression interne.

  • Antécédents de troubles anxieux ou dépressifs : ces vulnérabilités préexistantes peuvent amplifier les effets du stress professionnel (Académie nationale de médecine, 2016).

Ces traits ne sont ni des causes directes ni une fatalité, mais des facteurs qui, en interaction avec l’environnement professionnel, modulent la probabilité d’un burn-out.


Facteurs contextuels : l’environnement global impacte aussi

Le burn-out s’inscrit dans un contexte plus large, où la vie personnelle et les changements organisationnels jouent un rôle significatif :

  • Événements de vie stressants : comme un deuil, une séparation, la maternité ou une maladie, qui épuisent les ressources psychiques (Bianchi & Brisson, 2017).

  • Isolement social ou familial : le manque de soutien relationnel accroît le sentiment de solitude face à la difficulté.

  • Conflits chroniques avec collègues ou hiérarchie : une ambiance toxique est un facteur aggravant (INRS Dossier Burn-out).

  • Changements organisationnels subis : restructurations, fusions ou changements de direction peuvent générer de l’insécurité et de l’instabilité (Eurofound, 2012).

L’ensemble de ces facteurs compose un environnement complexe où le burn-out peut s’installer progressivement, rendant la prévention multidimensionnelle indispensable.



Ils ont vécu un burnout : témoignages et rebonds possibles


Les prénoms ont été modifiés pour préserver l’anonymat. Ces témoignages illustrent la diversité des profils concernés par le burn-out et montrent qu’un accompagnement peut ouvrir la voie à une reconstruction personnelle et professionnelle.


Élodie, 32 ans – analyste financière dans un grand groupe bancaire "Au début, j’étais fière d’avoir décroché ce poste. C’était exigeant, mais stimulant. Puis les deadlines se sont multipliées, les réunions s’enchaînaient jusqu’à 20h, et je me sentais constamment sous pression. Je ne me permettais pas de relâche, je culpabilisais à l’idée de ne pas être à la hauteur.J’ai commencé à avoir des insomnies et des douleurs dans le dos. Un jour, j’ai fait une crise d’angoisse dans l’open space. Là, j’ai compris qu’il fallait que je m’arrête. Pendant mon arrêt, j’ai consulté une psychologue du travail. C’est là que j’ai réalisé que je ne pouvais pas continuer à m’oublier pour mon métier. On a travaillé sur mes schémas de fonctionnement, sur mon besoin de reconnaissance, et sur les limites que je ne m’autorisais pas à poser. Aujourd’hui, je suis toujours dans la finance, mais j’ai changé de service, et surtout de posture."


Thomas, 41 ans – ancien directeur commercial dans le secteur privé "Sur le papier, tout allait bien. Je dirigeais une équipe, j’atteignais mes objectifs. Mais à l’intérieur, je me sentais vide. Je faisais le job, sans entrain. Je me posais de plus en plus de questions sur ce que je faisais là, pourquoi je continuais. Un jour, mon fils m’a demandé si j’aimais encore mon travail et si il pouvait faire le même. Ça a été le déclic. Je ne pouvais plus faire semblant. J’ai entamé un accompagnement avec un psychologue du travail. Ce soutien m’a permis de poser les choses, de comprendre ce qui m’avait mené là, et d’explorer d’autres pistes. Aujourd’hui, je me forme pour devenir formateur pour adultes. C’est une reconversion que je n’aurais jamais envisagée sans ce passage à vide, mais qui me correspond profondément."


Sophie, 36 ans – responsable qualité dans une PME industrielle "Quand une collègue est partie, on m’a confié ses missions, sans remplacement. J’ai accepté, comme toujours. Mais je me suis retrouvée à gérer trop de choses, sans soutien. J’étais constamment tendue, je dormais mal, et je me sentais de plus en plus irritée.Le jour où j’ai éclaté en larmes devant mon équipe, j’ai compris que je ne pouvais plus continuer ainsi. Mon médecin m’a arrêtée, et m’a conseillé un accompagnement.Avec la psychologue du travail, j’ai pu poser des mots sur ce que je vivais, prendre conscience de mes limites, de mes droits aussi. On a travaillé sur mon besoin de contrôle, sur ma peur de décevoir. J’ai repris en posant un cadre plus clair, et je me sens désormais plus ancrée dans mes choix."



Le rôle du psychologue du travail dans l’accompagnement du burnout


Le psychologue du travail occupe une place clé dans l’accompagnement des salariés confrontés au burn-out. Grâce à une expertise spécifique du contexte professionnel, il propose un accompagnement global, intégrant à la fois les dimensions individuelles et organisationnelles du mal-être au travail.


1. Une écoute active, bienveillante et centrée sur la réalité professionnelle

Le psychologue du travail offre un espace sécurisé, confidentiel et non jugeant, où la personne peut s’exprimer librement sur ce qu’elle vit au quotidien. Cette écoute active permet de mettre des mots sur les émotions, les ressentis, mais aussi sur les difficultés liées à l’organisation du travail, aux relations avec la hiérarchie ou aux contraintes spécifiques du poste. Cet accompagnement est adapté au rythme et aux besoins du salarié, favorisant ainsi une meilleure prise de conscience de sa situation.


2. Analyse et travail sur les causes organisationnelles et personnelles

Le burn-out résulte souvent d’une interaction complexe entre facteurs personnels (perfectionnisme, faible estime de soi, difficultés à poser des limites) et facteurs organisationnels (charge de travail excessive, manque de reconnaissance, conflits de valeurs). Le psychologue du travail aide à explorer ces différents leviers en profondeur. Il peut, par exemple, identifier avec la personne des situations professionnelles à risque, des comportements ou modes de fonctionnement personnels qui favorisent l’épuisement, mais aussi des ressources et compétences sous-utilisées.


3. Accompagnement à la reprise et redéfinition du projet professionnel

La phase de retour au travail après un burn-out est délicate et nécessite un accompagnement spécifique. Le psychologue du travail soutient la personne dans cette étape en l’aidant à élaborer un plan d’adaptation réaliste, à reconstruire son rapport au travail, à poser des limites et à identifier des stratégies pour gérer le stress. Il peut également intervenir dans la réflexion sur l’évolution professionnelle, notamment en cas de besoin de reconversion ou de réorientation, pour que le projet professionnel soit en adéquation avec les besoins, les valeurs et les ressources de la personne.


4. Soutien à la reconstruction de l’estime de soi et du sentiment de compétence

L’épuisement professionnel affecte souvent profondément l’estime de soi et la confiance en ses capacités. Le psychologue accompagne la personne dans la reconstruction de cette confiance, notamment en valorisant les réussites, en aidant à relativiser les échecs et en travaillant sur l’auto-exigence. Cette étape est fondamentale pour permettre un retour au travail durable, avec une meilleure résilience face aux difficultés futures.


5. Collaboration avec l’entreprise pour une prévention efficace

Au-delà de l’accompagnement individuel, le psychologue du travail peut aussi travailler avec les équipes et les managers pour sensibiliser, prévenir les risques psychosociaux et améliorer les conditions de travail. Cette double approche individuelle et collective est indispensable pour agir durablement contre le burn-out.



Conclusion


Le burn-out ne se résume pas à une baisse de régime passagère. C’est un signal fort, souvent silencieux, que quelque chose ne va plus dans la relation au travail. En parler, c’est déjà amorcer un changement.


Si ce texte vous a touché ou vous a fait penser à une personne de votre entourage, sachez qu’il existe des espaces d’écoute et d’accompagnement pour traverser ces moments difficiles.


Vous pouvez en savoir plus ou me contacter en toute confidentialité via mon site internet, par mail (cpa.psychologue@gmail.com) ou prendre directement rendez-vous.


Ensemble, prenons soin de votre bien-être au travail.

 
 
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